On a souvent tendance à opposer le jardin d’ornement au jardin potager. D’où vient cette (fâcheuse) habitude ? Pourquoi les séparer quand nombreuses sont les espèces potagères à apporter une touche de beauté au jardin ? Tentative d’explications…
Au siècle dernier, le jardin d’ornement était un signe extérieur de richesse. Outre l’apparat qu’il dégageait, il constituait aussi une manière de montrer que l’on n’avait pas besoin de jardiner pour se nourrir. Les plantes ornementales servaient surtout à agrémenter la promenade dans un parc. Le potager n’était considéré que dans sa fonction vivrière. La partie cultivée des jardins était réservée à une zone non visible car l’aspect nourricier était péjoratif. Quel gâchis !
Heureusement, aujourd’hui l’aspect esthétique des plantes potagères est de plus en plus reconnu. Le potager a une image beaucoup plus positive et offre de multiples possibilités pour satisfaire notre besoin de beau ! On peut même cultiver certains légumes pour leur qualités ornementales tellement elles sont esthétiques (la patate douce Ipomoea batatas a donné beaucoup de variétés ornementales, cultivées pour leur feuillage coloré).
Car au fond ce qui différencie véritablement les deux types de jardins c’est plutôt le cycle de vie des plantes. En effet dans les jardins d’ornements, ce sont plutôt des plantes vivaces qui sont favorisées. Bulbes, arbustes, couvre sol… finalement ce qui prend le plus de temps, c’est la tonte de la pelouse. La taille des arbustes et le nettoyage des massifs. c’est un travail moins fréquent et qui peut être confié à un jardinier occasionnel.
Le potager au contraire fait la part belle aux espèces annuelles. Le travail consiste surtout à semer, planter, ramer ou buter et récolter. Il demande un investissement plus régulier dans le temps et il est généralement réalisé par la personne qui vit sur place.
Un principe de la permaculture est de favoriser la diversité. En effet les plantes « s’entraident » et plus il y a de diversité dans un jardin, plus il va tendre vers un équilibre, et réduire les atteintes de ravageurs et de champignons.
Envie d’en apprendre plus sur les associations et le rotations ?
Dans nos stages on vous explique tout sur l’équilibre écologique du potager !
Nous vous recommandons donc de considérer vos massifs comme des zones potagères et votre potager comme un massif. Certaines espèces potagères sont des vivaces, installez-les dans les zones moins faciles d’accès car elles demanderont moins de soins (artichaut, asperge, poireau perpétuelle, ciboulette….) gardez à proximité de la maison ou des chemins d’accès les plantes qui demandent beaucoup d’attention (des annuelles) et faites-vous plaisir sur les mélanges. Laissez les plantes monter en graine et se disséminer seules dans votre jardin. Elles trouveront alors les espaces qui leur sont le plus appropriés et auxquels vous n’aurez pas pensé. C’est ce que préconise d’ailleurs un célèbre paysagiste : Gilles Clément avec la notion de jardin en mouvement.
Enfin, installez vos plantes en fonction des périodes de floraison (technique de la rotation des cultures). Les bulbes printaniers peuvent être installés un peu partout dans le jardin et ne vous gêneront pas en été sur les principales récoltes car la plupart auront déjà disparu (narcisse, tulipe, perce neige, …) De même, vous pouvez planter de la mâche là où vos dahlias auront fleuri tout l’été. Préparez en août vos plaques de mâches et plantez-les mi-octobre quand vous coupez les tiges des dahlias. Pour ceux qui les font hiverner en intérieur, les déterrer sera l’occasion de les remplacer par cette culture d’hiver.