En Grande Bretagne, il est aujourd’hui possible de se faire prescrire des sessions de jardinage plutôt que des antidépresseurs. Une idée sûrement novatrice mais, au fond, pleine de bon sens et qui appelle à être importée chez nous. Voici la traduction d’un article de la Royal Society of Horticulture, sur le sujet, publié le 1er novembre 2019
Les jardins peuvent être excellents pour l’environnement et la faune sauvage, et ils sont également bénéfiques pour les personnes, selon un nombre croissant de recherches.
Le jardinage a une longue histoire avec la science et la médecine. Pendant des siècles, les jardins ont été une source non seulement de nourriture pour la table, mais aussi de remèdes pour traiter les maladies courantes. Certains d’entre eux, comme le millepertuis pour la dépression et le saule pour les maux de tête, ont été adoptés par la science moderne. Mais qu’en est-il des bienfaits des jardins et du jardinage lui-même ? Sont-ils prouvés, et si oui, comment pouvons-nous en tirer le meilleur parti ?
Il est de plus en plus reconnu que les jardins et les espaces verts sont associés à une meilleure santé physique, sociale et mentale (1). Le médecin britannique Sir Muir Gray a déclaré que tout le monde avait besoin d’un « service de santé naturel » en plus du service publique de santé national (National Health Service – NHS).
La question reste cependant de savoir comment intégrer les jardins et le jardinage dans la vie quotidienne de chacun. Depuis janvier 2019, NHS a officiellement inclus la prescription sociale dans son plan à long terme (2). Avec le vieillissement de la population et les coûts des soins de santé qui ne cessent d’augmenter, la prescription sociale et les soins de santé préventifs vont probablement prendre une importance renouvelée.
Le jardinage a la possibilité de jouer un rôle central dans l’amélioration de la santé mentale et du bien-être de notre nation ; actuellement, RHS (Royal Horticulture Society – La Société Royale d’Horticulture) entreprend des recherches pour mieux comprendre comment maximiser les avantages du jardinage pour la santé.
Tout le monde sait que l’exercice est bon pour la santé. NHS le considère comme essentiel pour vivre une vie saine et épanouie et il est médicalement prouvé que les personnes qui pratiquent une activité physique régulière ont jusqu’à 35 % de risques en moins de souffrir de maladies coronariennes et d’accidents vasculaires cérébraux. Les maladies physiques et mentales associées à nos modes de vie urbains de plus en plus sédentaires ont un coût économique et social croissant (3).
Mais le rôle que le jardinage peut jouer pour vous aider à rester en forme et en bonne santé est moins connu. Les jardiniers seront peut-être ravis d’apprendre que le nombre de calories brûlées par 30 minutes de jardinage (4) est comparable à celui d’une partie de badminton, de volley-ball ou de yoga.
Toutefois, comme pour toute activité physique, comme la course à pied ou l’haltérophilie, il existe un risque de blessure si elle n’est pas pratiquée correctement. RHS a entrepris des recherches avec l’université de Coventry pour mieux comprendre comment les pratiques courantes du jardinage, comme le bêchage, peuvent être effectuées avec un minimum de tension musculaire. Grâce à une technologie que l’on trouve plus souvent sur les plateaux de tournage d’Hollywood, nous avons examiné, pour la première fois, les charges exercées sur les articulations, les os et les muscles du corps, afin d’aider les gens à profiter plus longtemps du jardinage et du bêchage.
Les avantages du jardinage vont bien au-delà du simple exercice physique. Un rapport du King’s Fund sur les bienfaits du jardinage sur la santé s’est révélé vaste et diversifié, les études montrant une réduction significative de la dépression et de l’anxiété et une amélioration du fonctionnement social (5). Le jardinage peut également contribuer à maintenir l’indépendance et à prévenir le déclin cognitif. Les universités de Tokyo et d’Exeter ont également trouvé des preuves solides (6) des effets positifs du jardinage sur la santé, appelant les gouvernements et les organisations de santé à promouvoir le jardinage.
Cette recherche, spécifique aux jardins et au jardinage, soutient de plus en plus ce que nous savons sur les espaces verts (7) en général – qui comprennent les jardins privés ainsi que les parcs urbains, les parcs nationaux et les zones de nature sauvage.
En 2014, des chercheurs de la faculté de médecine de l’université d’Exeter ont analysé les données sur la santé mentale de 1 000 résidents urbains et ils ont utilisé une cartographie haute résolution pour suivre l’endroit où les sujets avaient vécu pendant 18 ans. Ils ont constaté que les personnes vivant à proximité d’un espace vert signalaient moins de détresse mentale (8), même après un ajustement en fonction du revenu, de l’éducation et de l’emploi. En 2009, une équipe de chercheurs néerlandais a constaté une incidence moindre de 15 maladies – dont la dépression, l’anxiété, les maladies cardiaques, le diabète, l’asthme et les migraines – chez les personnes vivant à moins de 800 mètres d’un espace vert.
Les recherches et les programmes pratiques réalisés par RHS confirment ces résultats. En fait, quatre enseignants sur cinq qui ont adhéré à la campagne RHS pour le jardinage scolaire ont déclaré que le jardinage avait eu un impact positif significatif sur la santé et le bien-être des élèves.
En 2021, RHS a publié une étude révélant que les personnes qui jardinent tous les jours ont un score de bien-être supérieur de 6,6 % (9) et un niveau de stress inférieur de 4,2 % à celui des personnes qui ne jardinent pas du tout. L’étude, qui a porté sur plus de 6 000 personnes, a révélé un lien significatif entre le fait de jardiner plus fréquemment et l’amélioration du bien-être, de la perception du stress et de l’activité physique.
Les avantages du jardinage ont également conduit un nombre croissant de médecins généralistes à prescrire le jardinage non seulement à des fins de réadaptation, mais aussi comme mécanisme de prévention. À Lambeth, à Londres, 13 médecins généralistes ont ouvert des jardins communautaires avec des effets positifs.
En 2017, RHS s’est associée au NHS pour promouvoir le rôle que les jardins peuvent jouer pour une bonne santé mentale et le bien-être. En 2018 et en 2019, nous avons fait don de jardins de l’exposition florale RHS à Chelsea au centre de santé mentale de Highgate et au centre Dewnans dans le Devon. Nous travaillerons ensemble au cours des prochaines années pour évaluer si l’accès au jardin soutient le processus thérapeutique et réduit la durée du séjour des patients. Des études existantes ont montré que les patients dont les chambres donnent sur la nature se rétablissent plus rapidement (10) que ceux qui font face à des bâtiments.
La manière dont nous interagissons avec nos jardins, et ce qui nous fait vibrer, est le sujet d’une étude en cours menée par RHS et l’université de Sheffield. Nous avons mesuré le stress perçu et les niveaux de cortisol des résidents d’un quartier avant et après que leurs jardins aient été « reverdis ». Nous espérons être en mesure d’étoffer les preuves de plus en plus nombreuses concernant le jardinage et la santé et de formuler des recommandations pour maximiser les avantages des jardins pour la santé.
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Des recherches menées par l’American Heart Association (Association du Cœur Américaine) ont montré que les régimes à forte teneur en aliments végétaux et à faible teneur en aliments d’origine animale peuvent être liés à un risque plus faible de mourir d’une crise cardiaque, d’un accident vasculaire cérébral ou d’une autre maladie cardiovasculaire, et notamment à un risque de maladie cardiovasculaire inférieur de 32 % (11).
En ce qui concerne la gestion du poids et les problèmes d’obésité au Royaume-Uni, NHS cite les fruits et les légumes comme étant importants pour maintenir un poids sain. Pourtant, en 2017, une étude a révélé que moins d’un tiers des adultes consommaient leurs cinq fruits et légumes par jour.
Cultiver ses propres fruits et légumes en vaut vraiment la peine : vous aurez beaucoup de fruits et de légumes à disposition. Trouver des façons de les utiliser fait des merveilles sur le plan diététique, et vous pouvez cueillir la quantité dont vous avez besoin, quand vous en avez besoin. Il convient également de noter qu’un important sous-produit du phénomène « Grow Your Own » (faites pousser les vôtres) est la réduction des emballages plastiques et des déchets alimentaires.
RHS a constaté une augmentation du nombre de groupes de jardinage communautaire (Britain in Bloom, It’s Your Neighbourhood) qui contribuent à une alimentation saine dans leur région. Les actions comprennent la culture de fruits et de légumes dans des vergers et des jardins familiaux, la fourniture et l’approvisionnement de réfrigérateurs communautaires et l’ajout de produits frais dans les colis alimentaires des organisations caritatives.
Ces actions positives changent la vie de milliers de personnes dans tout le pays – preuve quotidienne que les jardins et le jardinage sont bénéfiques pour l’esprit, le corps et l’âme. Il n’y a jamais eu de meilleur moment pour prendre son plantoir et se mettre à cultiver.
Références:
(1) Kings Fund Gardens and health (pdf)
(2) NHS Long Term Plan
(3) Green space and health report
(4) Calories used in 30-minutes of activity
(5) The King’s Fund report by David Buck (2016)
(6) University of Tokyo findings
(7) Green space and mental health – Defra – World Health Organisation – Natural England
(8) University of Exeter Medical School research
(9) Cities journal: Why garden? Attitudes and the perceived health benefits of home gardening
(9) Science magazine: ‘View through a window may influence recovery from surgery’
(10) Medical news today article